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Archeologia.be - L'Abécédaire de l'Archéologie
Actualité de l'archéologie et du patrimoine culturel

Cette republication fait suite à la mise en ligne de photos illustrant l'état scandaleux des conditions de stockage actuelles de la façade.

Monsieur Rudi VERVOORT, Ministre-Président, ainsi que Monsieur Pascal SMET, Secrétaire d'état en charge du patrimoine, ont été interpellés à ce sujet ce 21 janvier 2021.

Nous attendons leur réponse.

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Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)

Rencontre avec Guy CONDE-REIS, commissaire de l'exposition : "532, Avenue Louise à Bruxelles"

Fils d’un entrepreneur qui fit fortune dans l’émaillerie, Aubecq souhaitait s’offrir un hôtel de maître digne de ce nom.

Vu la réputation de l’architecte, Victor Horta fut naturellement contacté. Au terme des discussions, les parties s’accordèrent et Victor Horta  accéda aux attentes formulées par Aubecq.

Toutefois, au cours d’une réception qui se voulait avant tout festive, Victor Horta fit part qu’il était loin de partager la bonne humeur de son hôte.

L’histoire retint qu’offusqué, Aubecq lui demanda : "Qu’auriez-vous fait à ma place ?"… et Victor Horta de lui soumettre "sa" vision du projet, celui d’un petit "Palais" urbain. L’enthousiasme s’empara bien vite des deux compères et quatre longues années furent nécessaires… alors même que le contrat initial n’en prévoyait qu’une seule.

L’emplacement ne fut d'ailleurs pas choisi par hasard puisqu’il s’agissait du dernier îlot de l’Avenue Louise nez-à-nez avec le Bois de la Cambre ; quartier le plus prisé de la longue Avenue.

Nous étions en 1900.

Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)


Rigueur et exigences d’un architecte

Le projet de l’architecte était caractéristique d’une époque : la bâtisse et les éléments qui la composèrent étaient pensés en termes d’unité. Dans cette soif d’une perspective systémique chère à l’Art Nouveau, Victor Horta dessina les meubles, les boiseries, les décorations y afférentes allant même jusqu'à croquer les motifs du linge de maison. Chaque élément était réfléchi de manière à interagir avec les autres .

Pour l’époque, les dimensions de ce petit « Palais » étaient impressionnantes : 40 m sur 15 m .

Avec ce projet, Victor Horta poussa l’exigence et la rigueur à son extrême.


Au niveau des pierres de façade, 3 types de roches furent utilisés pour sa réalisation : Pierre de modave, Pierre de longpré et gré rose d’Ecosse. Le travail de la pierre illustre l'excellence souhaitée par l'architecte  : certaines pierres sont bouchardées; d’autres retouchées linéairement. Il s’agit là encore d’une subtilité destinée à magnifier l’Hôtel en permettant des jeux d’ombre, de textures, de matières quels que soient l’endroit ou l’heure de la journée.

Ses exigences étaient telles que les carriers chargés de préparer les pierres éprouvèrent de grandes difficultés à comprendre le cahier des charges qui leur était soumis. Victor Horta et son équipe furent contraints de dessiner jusqu’à 6 plans de chaque pierre composant la façade ; des plâtres furent également réalisés afin d’avoir un rendu tridimensionnel des attentes de l’architecte.

La méthode suivie s’inscrivait dans une démarche rationnelle et pré-fonctionnaliste ; reflet des occupations et des espaces intérieurs. En façade, les fenêtres renvoient à l’affectation des lieux auxquelles elles se réfèrent. Les trois fenêtres de gauche rappelent la chambre du maître de maison; celles qui suivent le bureau du propriétaire.

Victor Horta était surtout un architecte au fait des évolutions techniques et des nouveaux matériaux de constructions utilisés par ses collègues belges et étrangers. Ainsi, les fers forgés dessinant l’escalier, la verrière, les terrasses permirent à l’architecte de complexifier les motifs utilisés en alternant le rivet et la vis ; nouvelle technique anglaise.

A l’époque de sa construction, l’Hôtel Aubecq fut salué par la critique européenne.

Tous s’accordaient pour reconnaître en celui-ci l’excellence de l’Art nouveau. D'ailleurs, un élément plus personnel conforte ce sentiment. Ainsi, dans la salle à manger de son Hôtel, Victor Horta avait disposé un bas-relief représentant 5 muses ; celle de l’architecture tendait la main à l’Hôtel Aubecq.

Pour Victor Horta aussi, l’Hôtel Aubecq consacrait un idéal.

D’une mort annoncée et ses péripéties

Aubecq meurt en 1947 et, avec ce décès, la mort du petit Palais allait suivre.

Dans les années de l’après-guerre, il n’y a pas dans l’esprit des contemporains ce besoin de "préserver" pareille architecture. Cette dernière est alors considérée comme démodée en raison de son gigantisme, de son caractère énergivore… De surcroît, le fils Aubecq n’avait aucune affinité avec ce bien hérité et souhaitait s’en débarrasser au plus vite. Tout le mobilier fut vendu de gré à gré et en vente publique (meubles, sculptures, etc.) .

En lieu et place de l’Hôtel, les nouveaux propriétaires ne cachèrent pas qu’ils souhaitaient y voir ériger un "immeuble de classe". La presse se fit écho d’une mort annoncée. Une pétition fut même lancée par la veuve de Victor Horta et son ami et collègue Delhaye. Rien n’y fait… ou si peu. Actant des protections, le bourgmestre de l’époque débloqua toutefois 300.000 francs belges – somme considérable pour l’époque – afin de démonter la façade. Le permis de destruction fut accordé le 7 mars 1950.

Les péripéties de la façade de l’Hôtel est singulière et témoignent des vicissitudes institutionnelles que connut la Belgique au cours de son histoire récente. La façade fut déménagée près de 8 fois comme autant de propriétaires qui se succédèrent : national, fédéral et, enfin, régional.

Quid de l’avenir ?      

Au sortir d’une rencontre plus que captivante, Guy Conde-Reis souligna la sensibilité particulière dont témoigna Charles Picqué, Ministre-Président de la Région de Bruxelles-capitale, à l’égard de cet élément significatif du patrimoine bruxellois.

Selon le Commissaire, il est à espérer que cette façade deviendra la porte d’entrée de l’Art nouveau à Bruxelles.

La réputation de la Capitale dans le domaine de l'architecture n’est plus à écrire, mais il n’en demeure pas moins qu’aucun fil conducteur n’a à ce jour été identifié pour la rendre compréhensible du plus grand nombre.

Gageons que les années qui viennent verront se concrétiser une valorisation qui semblera à bien des lecteurs plus qu’opportune.

Pierre-Emmanuel LENFANT


Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)

Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)

Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)

Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)

Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)

Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)

Belgique - L’Hôtel Aubecq, petit « Palais » urbain (Archeologia.be, 29 septembre 2011)


Informations pratiques

Dates : du 1er juillet au 9 octobre 2011.
Tous les renseignements sont disponibles sur le site internet :
www.aubecq.be

Organisation de l'événement, commissariat, publication :
Région de Bruxelles-Capitale, Direction des Monuments et des Sites.
Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique sont partenaires de l'évènement.

Exposition:
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique,
Rue de la Régence 3, 1000 Bruxelles.
Exposition accessible gratuitement du mardi au dimanche de 10h à 17h

Entrepôt:
102 rue Navez, 1000 Bruxelles.
La visite de la façade se fait UNIQUEMENT sur RÉSERVATION ET VISITES
GUIDÉES via le site internet ou par téléphone : +32 483 46 15 71.

Autres liens utiles :


Archeologia.be